La carrière de Ourasi
Ourasi (Greyhound/Fleurasie), surnommé « Le Roi Fainéant », est un trotteur français alezan foncé né le 7 avril 1980 et mort le 12 janvier 2013, quadruple vainqueur du Prix d’Amérique. Il a été élu meilleur trotteur français de tous les temps par le journal L’Équipe en 2006. Son flegme et sa nonchalance en piste sont devenus légendaires et lui ont conféré un charisme très particulier, faisant de lui le trotteur le plus populaire de l’histoire des courses.
Ourasi, plus qu’un Crack, une personnalité !!!
Ourasi est né au haras de Saint-Georges, à Saint-Etienne-l’Allier, dans l’Eure, petit élevage normand appartenant à Raoul Ostheimer. Arrivant après Leurasie, Meurasie et Neurasie, Raoul Osteimer décide que le premier poulain de Fleurasie se nommera Ourasi. Raoul Ostheimer ne fonde guère d’espoirs sur ce poulain qui lui parait paresseux et lourdaud. Le haras traverse alors une passe économique difficile, et Ourasi est le seul poulain de l’année. À l’automne de ses deux ans, Ourasi commence sa carrière, entraîné et drivé par Raoul Ostheimer, qui est sourd et quasi-muet
Des débuts laborieux
Une fois n’est pas coutume les débuts du prodige ne sont pas convaincants : il se qualifie laborieusement fin 1982 sur l’hippodrome d’Argentan.
La légende commence
Avec lui, Ourasi découvre Vincennes, et s’impose lors de sa quatrième tentative, dans un prix de série. Néanmoins, à la surprise générale, il remporte le Critérium des Jeunes.
Par la suite Ourasi enchaîne les victoires, toujours sous l’entrainement de Jean-René Gougeon qui est bientôt surnommé « Le Pape de Vincennes ». Ce dernier doit composer avec le caractère très particulier du cheval : dominateur et conquérant en courses, mais avare de ses efforts à l’entraînement. Cette nonchalance participe à la légende d’Ourasi, et lui vaut un surnom : « le Roi fainéant ».
L’année 1984, Ourasi n’est pas encore considéré comme un grand champion…il rate des rendez-vous importants
La consécration d’Ourasi
En 1985 Ourasi, alors âgé de cinq ans, passe la vitesse supérieure. Il réalise une saison hors normes : neuf victoires et quatre places en treize sorties, même s’il rate le Prix de sélection il devient leader de sa génération, et fini l’année face aux chevaux d’âge dans les préparatoires au Prix d’Amérique, où il s’annonce comme favori.
Début 1986, il remporte pour la première fois le Prix d’Amérique avec un record à la clé (1‘16’’ 6) et demeure invaincu en 14 courses, portant son invincibilité à 522 jours et 22 courses. Avec un palmarès hors du commun en France, il se rend pour la première fois à l’étranger en Allemagne, dans l’Elite-Rennen qu’il remporte. Mais, c’est sa prestation dans le Prix René Ballière qui reste légendaire, bloqué à la corde, il se dégage à quelques mètres du poteau, et au prix d’une accélération foudroyante vient surclasser ses rivaux. Il est invincible ! La série se poursuit, et Ourasi remporte les « 4 B », courses préparatoires au prix d’Amérique.
En 1987, Ourasi s’impose une deuxième fois dans le Prix d’Amérique. Parti à la cote improbable de 1 contre 10 (1 franc de gain pour 10 francs de mise), il offre une spectaculaire envolée dans la ligne droite.
Il reste invaincu jusqu’en juin portant son total à 22 victoires consécutives et se succédant à lui-même au palmarès des plus grandes épreuves du calendrier. À la fin de l’année 1987, Raoul Ostheimer décide de syndiquer le cheval en 40 parts de 600 000 francs, ce qui porte sa valeur à 24 millions, soit le record mondial à l’époque pour la syndication d’un trotteur. Il en conserve 20 parts
En 1988, Ourasi remporte quinze de ses dix-sept sorties, il gagne un troisième Prix d’Amérique, rejoignant Uranie, Roquépine et Bellino II, les trois seuls triples lauréats de la course.
Le « Match du siècle » d’Ourasi : le défi Américain
L’année 1988 est aussi marquée par l’aventure américaine du « March of Dimes », un combat « mythique » contre l’Américain Mack Lobell. Le vainqueur de ce combat doit en effet se voir octroyer une « suprématie mondiale ».
« Mighty Mack », le premier cheval à être descendu sous la barre mythique de 1 min 10 s au kilomètre (en 1987, il a réalisé un temps sur un mile correspondant à 1 min 9 s 7 au kilomètre), est alors considéré aux États-Unis comme un champion hors normes. Seul Ourasi peut lui contester le titre de meilleur trotteur du monde mais l’entourage D’Ourasi ne cherche pas le duel au grand dam des Américains.
Tout au long de l’année 1988 la pression monte et Jean-René Gougeon finit par relever le défi. Malgré la flagrante iniquité du challenge, les Américains imposent leurs conditions : le match doit se dérouler à domicile, dans les circonstances les plus avantageuses pour leur cheval — sur 1 609 mètres9, piste plate. À Ourasi de cumuler les handicaps : un long voyage, et des conditions de course qui ne lui sont pas familières, lui qui n’a jamais quitté l’Europe.
La course déchaîne les passions, en raison de la rivalité entre les deux chevaux, sans doute parmi les meilleurs de l’histoire des courses. L’épreuve a lieu le 17 novembre 1988 et elle est à la hauteur des espérances, Mack Lobell se porte très vite en tête tandis qu’Ourasi pointe à neuf longueurs à la sortie du premier tournant, mais dans la ligne d’en face, le Français passe tout le peloton en revue pour se porter à la hauteur de son rival à l’amorce du dernier tournant. Finalement Ourasi « terrasse » Mack Lobell, mais n’a pas course gagnée pour autant : un troisième larron, Sugarcane Hanover, que tout le monde a oublié, surgit du dos d’Ourasi et vient remporter la course sur le fil. On peut dire que le match est gagné pour Ourasi, Mack Lobel a bien été battu.
Fin de carrière d’Ourasi
En 1989, Ourasi est âgé de près de neuf ans et n’a pas faibli, il est considéré comme l’un des meilleurs trotteurs de l’Histoire. Il s’apprête à disputer son quatrième Prix d’Amérique, et en cas de victoire, signerait là un exploit unique. Alors que personne ne peut l’imaginer battu, Ourasi ne peut faire mieux que troisième ce qui provoque une stupéfaction générale.
En 1990 Le « Roi Fainéant » est proche de la retraite et Le Prix d’Amérique 1990 sera forcément son dernier. Ourasi est très attendu afin de conclure sa carrière en apothéose et devenir le cheval le plus titré de l’histoire. C’est chose faite le 28 janvier 1990, après une préparation plus prudente qu’à l’accoutumée : « le Roi Fainéant » l’emporte tranquillement devant un public galvanisé par ce moment épique. Ourasi entre dans l’histoire. Il vient de briser le record du Prix d’Amérique en 1’15″2.
Descendance d’Ourasi
Ourasi entame une carrière d’étalon au haras d’Aunou-le-Faucon (Orne), pour laquelle il est très attendu. Au grand dam de ses propriétaires, Ourasi s’avère très peu fertile. En dix ans, il ne donne que trente-huit poulains, et parmi eux aucun n’est devenu un champion à sa hauteur. Son produit le plus riche est le mâle « Émir des Fresnaux » (étalon), né en 1992, avec 337 866 € de gains. Définitivement retiré de la monte, il passe une retraite heureuse au haras de Gruchy dans le Calvados. Ourasi se voit sacré « Trotteur du Siècle » par le journal L’Équipe en 2006. Il meurt le samedi 12 janvier 2013 au Haras de Gruchy à presque 33 ans, un dernier record pour ce cheval d’exception. Une statue à son effigie sera inaugurée en 2014 sur l’hippodrome de Vincennes.